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Témoignages

Interview d’Aurélien TRAN, diplômé PGE 2019, Equity Research Off-Cycle Analyst, Goldman Sachs

"J'ai intégré NEOMA après deux ans de prépa ECS au Lycée Malherbe à Caen, et un BAC S au Lycée Camille Guérin à Poitiers."
Interview d'Aurélien TRAN, diplômé PGE 2019, Equity Research Off-Cycle Analyst, Goldman Sachs

1. Quel a été votre parcours avant d'intégrer NEOMA ?

J'ai intégré NEOMA après deux ans de prépa ECS au Lycée Malherbe à Caen, et un BAC S au Lycée Camille Guérin à Poitiers.

2. Pourquoi et comment avez-vous décidé d'intégrer l'Ecole ?

Le choix a été assez simple. Lorsque les résultats de concours sont tombés, j'ai été admissible à plusieurs écoles, dont NEOMA. Parmi les choix qui m'étaient proposés, celle-ci m'apparaissait comme la seule école respectable. J'ai alors refusé de passer les oraux de toutes les autres écoles où j'étais admissible, pour ne passer que ceux de NEOMA. Les oraux se sont bien passés, et j'ai été admis.

3. Quelles spécialisations avez-vous suivi ?

J'ai choisi de me spécialiser en finance, en intégrant, dès la deuxième année, le «Parcours CFA» de l'école. Le choix fut instinctif et quasi-évident: dès les premiers cours de finance en 1A, je sentais déjà une forme de proximité intellectuelle avec la discipline que je ne retrouvais nulle part ailleurs. Je me suis alors naturellement orienté vers le Parcours CFA - cursus sélectif visant à préparer les étudiants aux premiers niveaux de la certification « Chartered Financial Analyst » (CFA), que l'on pourrait objectivement qualifier de «  sésame de la finance  », en vertu de sa forte crédibilité auprès des recruteurs de banques et fonds d'investissements de premier plan.

Ce cursus a selon moi plusieurs atouts indéniables. D'abord, d'un point de vue purement théorique, le programme du CFA (qui est le même pour tout le monde à l'échelle mondiale), permet à mon sens d'acquérir la «  boîte à outils  » de l'analyste financier, à savoir un ensemble de connaissances fondamentales qu'il vaut mieux maitriser pour obtenir un minimum de légitimité en analyse financière. On apprend par exemple à valoriser une entreprise de diverses manières, à consolider des comptes financiers de groupes internationaux, à évaluer la rentabilité d'un projet d'expansion, ou encore à estimer la valeur d'un investissement sur plusieurs années en fonction de l'évolution des taux.

Ensuite, il faut savoir que le CFA est un examen qui est loin d'être trivial : d'après les chiffres du CFA Institute, les taux de réussite moyens pondérés sur 10 ans pour le niveau 1, 2, et 3 sont de 38%, 43% et 54%, respectivement. La grande majorité des candidats qui ont la certification échouent au moins une fois avant d'obtenir les 3 niveaux, et la plupart abandonnent en cours de route. Dans ce contexte, une préparation digne de ce nom est primordiale. A mon sens, la principale valeur ajoutée du Parcours CFA est justement d'armer les étudiants de la meilleure manière possible pour optimiser leurs chances de réussite lors des niveaux 1 et 2 de la certification.

Enfin, et c'est peut-être l'un des points les plus importants, on ne peut que saluer la qualité des professeurs et intervenants de ce parcours. Au-delà d'être excellents sur le plan technique, je les ai trouvés très habiles dans leur manière de transmettre les choses, de faire comprendre aux élèves des concepts qui peuvent sembler quelque peu nébuleux aux premiers abords. Les professeurs les plus brillants ne sont pas toujours les plus pédagogues ; mais dans cas précis, nous avons un beau contre-exemple. J'ai été tout aussi ébloui par leur capacité à «  donner vie  » à la finance - discipline parfois injustement réputée pour son austérité.

4. Vous avez effectué tous vos stages dans la finance (Lazard, Lansdowne Partners...), notamment à Londres : est-ce un projet qui s'est construit pendant votre cursus ou était-ce votre objectif dès la première année ?

Pour être franc, lorsque j'étais en première année, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire. Je me suis orienté vers la finance en procédant par élimination : ce n'est pas la finance qui m'intéressait le plus, mais plutôt la finance qui me désintéressait le moins. A défaut d'être une «  vocation  », la finance m'apparaissait comme la voie optimale.

Un jour, j'ai décidé, avec deux très bons amis, de participer à une compétition de finance à l'échelle européenne organisée par une école concurrente, subtilement appelée «  European Finance Cup  ». A l'époque, mon bagage de connaissances était assez maigre ; je ne savais même pas comment valoriser une entreprise et n'avais qu'une idée très vague du fonctionnement des marchés financiers. Mes co-équipiers en étaient un peu près au même stade. Contre toute attente, après avoir passé plusieurs jours et nuits à compenser notre déficience sur le plan technique, nous avons été sélectionnés pour assister à la finale de la compétition dans les locaux de Bloomberg à Paris. Au final, nous sommes arrivés 13ème sur plus de 2400 participants. Avec le recul, je dirais que cette expérience impromptue a indéniablement cimenté mon choix de poursuivre un début de carrière en finance.

J'ai ensuite affiné mes goûts progressivement, en enchainant des expériences très diverses au sein du milieu financier. J'ai commencé par une expérience en Wealth Management (gestion de fortune) chez Lazard à Lyon ; un métier principalement commercial consistant à conseiller des clients fortunés pour leur placements financiers. Je me suis rapidement rendu compte, notamment en échangeant avec plusieurs analystes de l'entreprise, que je possédais davantage une fibre analytique qu'une fibre commerciale. Autrement dit : je prenais plus de plaisir à analyser des actions qu'à créer du lien avec des clients.

Fermement convaincu que les meilleures opportunités du milieu étaient à l'étranger, et n'ayant que très peu d'estime pour la ville de Paris (dans laquelle j'ai vécu pendant plusieurs mois), j'ai alors pris la décision impulsive de m'expatrier à Londres, où j'ai par la suite trouvé un stage en Investment Banking chez Goetzpartners. Pendant plusieurs mois, mon emploi du temps était divisé en deux parties : d'une part, je produisais des notes d'analyse financière sur des entreprises cotées dans le secteur des biotechnologies ; d'autre part, je travaillais sur des dossiers d'introduction en bourse, visant à introduire des «biotech» jugées prometteuses sur les marchés financiers, afin de leur permettre de lever des capitaux pour accélérer leur développement.

Ayant à ce stade réellement pris goût à l'analyse financière sur la partie actions, j'ai ensuite enchainé sur un stage en Equity Research chez Lansdowne Partners, un hedge fund basé à Londres gérant environ 20 milliards de livres. Je travaillais avec des gens extrêmement brillants. La plupart avaient en moyenne 10 ans d'expérience de plus que moi et avaient fait leurs armes dans les plus grandes banques de la place financière londonienne. Le gérant du fonds principal est régulièrement honoré par la presse financière comme étant l'un des meilleurs hedge fund managers au monde. Ma courbe d'apprentissage fut exponentielle, et j'y ai pris beaucoup de plaisir.

Mon expérience chez Lansdowne m'a ensuite permis de décrocher un Off-Cycle en Equity Research chez Goldman Sachs à Londres, où je travaille actuellement.

5. Pouvez-vous nous parler de vos missions aujourd'hui chez Goldman Sachs à Londres ?

Essentiellement, le métier consiste à produire de la recherche financière sur des actions cotées, afin de les recommander en tant que «  Buy  » (si l'équipe pense que le cours de l'action va augmenter par rapport à la moyenne du secteur couvert); «  Sell  » (si l'équipe pense que le cours de l'action va diminuer par rapport à la moyenne du secteur) ; ou bien «  Neutral  » (si le potentiel de hausse ou de baisse est comparable à la moyenne du secteur). Certains clients institutionnels, tels que des gestionnaires d'actifs ou des hedge funds par exemple, ont des contrats en vertu desquels ils paient pour avoir accès au contenu de la recherche et pour interagir avec les analystes financiers.

Actuellement, je travaille dans l'équipe «European Technology» du département Equity Research de Goldman Sachs. Mon rôle consiste à soutenir les capacités de recherche de l'équipe, notamment en contribuant à la composition des notes de recherche. Par exemple, parmi les travaux récents, nous avons effectué une étude approfondie des semi-conducteurs pour véhicules électriques, au cours de laquelle nous avons estimé la taille potentielle du marché et les perspectives de croissance, en réalisant des analyses de scénarios afin de quantifier différents développements en fonction de facteurs tels que la part de marché des fournisseurs.

L'une de mes responsabilités consiste également à effectuer des veilles d'actualité sur les secteurs et les segments de marché qui sont pertinents pour notre coverage, y compris : les semi-conducteurs, les véhicules électriques, le déploiement de la 5G, les infrastructures de télécommunications, ou encore l'équipement pour les jeux vidéo (casques, souris, claviers, etc.). La démarche consiste à repérer et à reporter toutes les informations et les données susceptibles d'impacter financièrement, tant à court et moyen-long terme, les entreprises que nous couvrons. Au final, cela permet de se faire une idée de l'évolution du marché et du positionnement des entreprises dans chaque segment, facteurs qui ont une influence directe sur les prévisions de bénéfices de ces entreprises et donc sur leur valorisation.

Mon équipe a également l'opportunité de participer à plusieurs types d'événements avec le management de groupes internationaux (présentations aux investisseurs, conférences téléphoniques, etc.), au cours desquels l'équipe peut directement interagir avec les dirigeants d'entreprise afin de développer une meilleure connaissance de l'industrie. Enfin, je participe à l'élaboration et à la mise à jour de modèles financiers, qui sont, en quelque sorte, l'expression quantitative des thèses d'investissement que l'équipe soutient.