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Le Monde de NEOMA

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Depuis que Facebook est devenu Meta en octobre 2021, le développement du metaverse s’est accéléré. Tous les géants de la Tech ont plongé dans ce nouveau monde virtuel. Si son intérêt commercial, sociologique et technologique est démontré, son déploiement massif ne sera pas sans grandes difficultés. Alain Goudey, Directeur Général Adjoint en charge du digital à NEOMA BS, relève les principaux défis de cette innovation.

Distinguerons-nous le réel et la réalité ? 

Que nous prenions cet aspect dans Matrix ou dans l’allégorie de la Caverne de Platon, chaque individu construit sa réalité à partir de ce qu’il vit, voit, ressent par les sens. Le metaverse va donner à voir et ressentir des choses possiblement différentes à l’infini et individualisées à l’extrême… la réalité s’individualisant, elle s’éloignera encore plus fortement d’un consensus social sur ce qui est réel (ou pas).

Notre cerveau pourra-t-il absorber autant de stimulation ?

On le voit déjà aujourd’hui les applications numériques hyper stimulantes ont des effets délétères dans le cadre d’une utilisation irraisonnée. Là aussi, il est utile de se questionner sur le bon niveau d’utilisation de ces outils.

Quel usage des données qui seront captées ?

Les technologies du metaverse permettront de rassembler de nombreuses données :  les mouvements, les zones chaudes du regard, les comportements « in situ », les réactions émotionnelles, etc. Elles sont particulièrement intrusives. La question de la protection de ces datas est donc centrale.

Quel encadrement et quelle réglementation ?

A grande échelle, cela revient à se poser les questions autour des aspects commerciaux, des comportements possiblement délictueux, de la manipulation des personnes sensibles qui peut être faite, etc. Une technologie n’est ni bonne ni mauvaise en soi… tout dépend de l’usage qui en est fait.

Quelle consommation énergétique ?

Afficher un monde persistant en 3D n’est pas neutre et nécessite d’autant plus de puissance que le monde sera vaste, riche graphiquement, etc. Compte tenu des enjeux climatiques et énergétiques, la question de la valeur ajoutée du metaverse est elle aussi très centrale.

Quid de l’interopérabilité des plateformes ?

Actuellement des milliers de metaverse sont en train d’émerger, ce qui signifie créer autant d’avatars. Pour le moment, ce n’est pas gérable, surtout si l’objectif est de créer une économie (qui plus est décentralisée). C’est l’enjeu technique majeur du moment.

Le monde aujourd’hui a-t-il encore la capacité de faire émerger des standards technologiques internationaux ?

Derrière la technologie, la géopolitique est omniprésente. Les metaverse chinois et américains seront-ils réellement interopérables ? Ma conviction ici est que l’Europe doit prendre pied dans les technologies du web3 afin d’éviter d’accroître encore un peu plus sa dépendance numérique… cela fait sens d’avoir un ou des metaverses européens, respectueux de la vie privée, tout en permettant une expérience riche et multiculturelle.

Article paru dans le Magazine des Alumni n°33.