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Le Monde de NEOMA

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Analyse de Julien MANTEAU, Directeur Général Adjoint à NEOMA Business School

 

En arrivant dans une Grande Ecole, les étudiants ont déjà franchi de nombreuses étapes : passage du primaire au collège, du collège au lycée, puis arrivée en prépa. Alors pourquoi cette nouvelle marche leur semble-t-elle plus haute encore ? Qu’est-ce qui se joue vraiment ? Je vois quatre grandes explications.

L’heure des choix

Chacun sait que « choisir, c’est renoncer ». Or un étudiant qui a choisi la classe préparatoire l’a souvent fait précisément pour échapper à cette loi : c’est la logique de la voie royale. Autrement dit, une logique qui permet (ou donne l’impression) de ne renoncer à rien ou presque.

Or, cette manière d’aborder la problématique du choix ne peut plus être poursuivie en Grande Ecole. Sauf à rester un éternel étudiant, il n’est pas possible par exemple de mener de front plusieurs double-diplômes de niveau Master, pas plus qu’il n’est possible de démarrer en même temps sa carrière en Europe et en Asie, ou en même temps en ONG et en banque d’investissement…

Ces exemples semblent triviaux ? En pratique ils correspondent à de difficiles dilemmes, d’autant plus difficiles que les étudiants issus de prépas ont très peu l’expérience de mener ce type de réflexions, à l’image des questions qu’ils ont tendance à nous poser: « Est-il mieux / préférable / davantage valorisé de faire un échange à tel endroit plutôt qu’à tel autre, de faire un stage dans tel secteur plutôt que tel autre, un double diplôme dans tel domaine plutôt que tel autre, etc. »

C’est parfois vertigineux pour certains étudiants.

Invariablement, la réponse à ces questions est qu’ils doivent choisir en fonction de ce qui leur permettra de s’épanouir au mieux, et non pas en plaquant des préférences qui ne seraient pas les leurs ! Très souvent, une grande perplexité se lit alors sur leur visage. Une perplexité qui se double parfois d’une inquiétude. Les Grandes Ecoles offrent en effet des centaines de possibilités de parcours, ce qui implique en pratique des centaines de choix à faire. C’est parfois vertigineux, voire terrible pour certains étudiants. C’est d’ailleurs pour cela que la question de l’accompagnement en Grande Ecole est si importante !

Continuer à faire ses preuves

Pour certains étudiants, le concours entretient une illusion difficile à surmonter : il donne parfois l’impression à ceux qui le réussissent que « ça y est, ils ont fait leurs preuves ». C’est à la fois vrai : ils sont jugés aptes à entrer dans telle ou telle école. Et c’est faux : on attend d’eux de nouveaux efforts pour acquérir de (très) nombreuses compétences et accumuler un (très) grand nombre de connaissances, dans de (très) nombreux domaines différents.

Cette exigence n’a rien d’évident lorsque l’on croit avoir fait le plus dur. Une croyance qu’il est crucial de dépasser au plus vite, en acceptant avec humilité qu’il reste tant à apprendre et à découvrir.

Chemin versus destination 

En classe préparatoire, les étudiants font face à un objectif aisément identifiable (à défaut d’être aisément atteignable) : celui de réussir le concours pour rejoindre telle ou telle école. Une fois dans une Grande Ecole, l’objectif devient nettement plus flou : celui de trouver « son » chemin, ou devrais-je même dire « un » chemin.

Un objectif qui n’est jamais terminé, que l’on continue à poursuivre, à modifier voire à réinventer à 30 ans, à 50 ans et même à 80 ans. Un objectif pour lequel on ne reçoit pas de bonnes notes à un concours blanc, ni d’encouragements de ses professeurs pour nous confirmer qu’on est sur la bonne voie. Tout simplement parce que ces mêmes professeurs n’en ont pas la moindre idée. Seul l’étudiant est à même de le savoir, et parfois longtemps après.

Un objectif qui est un chemin avec de belles rencontres, des succès, des échecs, des erreurs…

Bref, un objectif qui n’est pas une destination comme un concours ou l’entrée dans une école, mais un chemin. Un chemin avec de belles rencontres, des succès, des échecs, des erreurs, de beaux moments. Un chemin forcément sinueux et incertain, différent pour chaque étudiant, un chemin que nous essayons à NEOMA de rendre aussi riche et épanouissant que possible. Avec pour nous un objectif clair : leur donner confiance en leur capacité d’inventer l’avenir qu’ils méritent, pour eux comme pour la société.

Devenir adulte

Enfin, il y a cette raison évidente : à 20 ans, on quitte la maison, on quitte la famille, on quitte souvent sa ville. On devient autonome, adulte. Pas toujours simple pour ces jeunes gens.  Cette rupture coïncide grosso modo avec la période d’intégration en Grande Ecole, et peut ajouter à la difficulté d’adaptation de certains étudiants. Charge à nous de ne jamais l’oublier, et de garder l’indulgence qu’ils méritent !