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Le Monde de NEOMA

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L’humanitaire s’est développé et professionnalisé. Et ses besoins ne cessent de grandir. Pour consolider cette croissance, le secteur peut s’appuyer sur les compétences acquises en école de commerce. Plusieurs alumni de NEOMA ont choisi cette voie. Ils témoignent.

 

 « Mon métier, c’est de lever des fonds »

Si le business du secteur associatif est l’humain, l’argent reste un de ses outils privilégiés. « Mon métier c’est de lever des fonds et diversifier les sources de revenus pour l’ONG. C’est très business, il ne faut pas se leurrer. Si l’on ne lève pas ce qu’on doit lever, il y a un vrai sujet sur la pérennité de la structure. Ce n’est pas très différent de ce que j’ai fait jusqu’à présent », insiste Marine Gall (MBA FT 89), déléguée générale pour Aviation Sans Frontières après une longue expérience dans le secteur de l’aviation privée.

La recherche de fonds dans le secteur humanitaire n’a rien d’un artisanat. Sandra Escudé (CESEM 12), chargée de collecte et marketing au sein de l’ONG Médecins du Monde, rappelle que sa collecte et son utilisation sont strictement régies. Suivant la source, l’argent ne pourra pas être affecté de la même manière. Quoi qu’il en soit, les donateurs comme les investisseurs veulent une utilisation efficace des moyens, un respect de la réglementation, et un résultat.  

« On a besoin de RH, de comptables et de managers »

Ainsi « la plupart des ONG fonctionnent comme des entreprises, dont elles partagent les fonctions support, surtout lorsqu’il y a des financements publics, dits institutionnels, de bailleurs qui vont avoir des exigences en matière de reporting », estime Thibault Carrère (PGE 20), chef de projet développement international au sein de l’association « Chaine de l’Espoir ».

« La seule différence, c’est que les associations ne réfléchissent pas en termes de chiffre d’affaires et de rentabilité, mais de valeur ajoutée au développement. A part ça, on a besoin de RH, de comptables et de managers parce qu’il y a des RH, de la comptabilité et des équipes à gérer », renchérit Vincent Javary (PGE 19), chargé d’appui financier pour l’ONG Acting for Life .

« Savoir vendre »

Autre atout d’un diplômé d’une école de commerce pour l’humanitaire : savoir vendre. « Cela aide beaucoup sur le terrain face à des gens qui ne parlent pas la même langue », illustre Arthur Lanternier (CESEM 16) chef de mission pour SOS Chrétiens d’Orient.

Tout comme «la gestion financière, la gestion de projet et la gestion des volontaires. Je suis compétent en management grâce à mon passage en école de commerce », assure Arthur Lanternier. Marine Gall (MBA FT 89), déléguée générale pour Aviation Sans Frontières, aussi constate que les compétences acquises lors de ses études et au fil de sa carrière lui sont très utiles : « J’ai fait beaucoup de management opérationnel en aéroport et j’ai appris la gestion de crise, l’aléa d’exploitation ; ça m’a beaucoup formée pour la suite et surtout pour mon job actuel », estime-telle.

L’humanitaire s’est professionnalisé

Car le secteur de l’humanitaire évolue, se professionnalise. Marine Gall constate que « avant les gens s’engageaient sept jours sur sept, aujourd’hui ils s’engagent différemment. » « Les donateurs demandent que des comptes soient rendus, ce qui fait bouger le secteur vers des formes plus organisées, où transparence et professionnalisme sont devenus des impératifs, estime Claire Hoang Sperandio, PGE 96) directrice des ressources humaines au Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Même chose vis-à-vis des populations auprès desquelles nous intervenons, car nous estimons que nous avons aussi des comptes à leur rendre. »

Vers le mécénat de compétences

Une autre évolution constatée dans le secteur, similaire avec le monde de l’entreprise privée : la digitalisation. « On a vraiment besoin de digitaliser, que ce soit la collecte de fonds avec un CRM ou la gestion des bases de données, on a besoin d’optimiser sa data », assure encore la déléguée générale d’Aviation Sans Frontières.

Pour elle, l’une des clés des évolutions du secteur humanitaire serait le mécénat de compétences, c’est-à-dire la mise à disposition par une entreprise, défiscalisation à la clé, d’un salarié au profit d’un projet d’intérêt général. Une belle façon de rendre les deux univers, associations humanitaires, et entreprises privées, plus poreux.

 

Article paru dans le NEOMA Alumni Mag de juin 2022