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Le Monde de NEOMA

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Depuis 2006, le Centre de recherche interdisciplinaire (CRI) explore les nouvelles manières d’apprendre. Son créateur François Taddéi, docteur en génétique et directeur de recherche à l’Inserm, nous éclaire sur les évolutions récentes.

 

Quel impact aura la pandémie sur les nouvelles manières d’apprendre ?

Précisons d’abord qu’elle n’est pas terminée et qu’à une crise en succèdent d’autres, comme le cas de l’Ukraine nous le rappelle une fois encore. La pandémie a joué un rôle indéniable d’accélérateur. Sur l’aspect distanciel/présentiel, nous avons la confirmation qu’aucun des deux extrêmes ne fonctionne. Le tout distanciel déprime les gens, quand le tout présentiel s’avère trop rigide pour s’adapter à des personnes et contextes différents. Les formats hybrides semblent donc les plus pertinents.

« Les enseignants ont échangé et se sont formés mutuellement »

Du côté des pouvoirs publics, le Covid a produit une prise de conscience sur la nécessité d’investir dans nos systèmes éducatifs. Mais l’élément qui m’a sans doute le plus marqué, c’est l’augmentation des partages entre enseignants! La manière dont ils ont échangé et se sont formés mutuellement, fut une partie essentielle de la réponse de l’école.

Investir dans l’enseignement, est-ce donner plus de place aux outils numériques?

À nos sociétés –qui sont fragiles! – le web apporte des solutions de même qu’un grand défi. Augmenter les flux d’information revient à faire croître le nombre d’informations parasites, qui altèrent la qualité du débat public et nous empêchent de construire ensemble. Je fais souvent le parallèle avec la biologie de l’évolution: aujourd’hui, il nous faut produire de nouvelles défenses immunitaires pour lutter contre ce parasitage. Quand l’imprimerie a été créée, il nous a fallu inventer de nouvelles règles ; nous voilà de nouveau à ce point précis avec le numérique.

Que penser de l’intelligence artificielle dans l’éducation?

L’IA suscite des inquiétudes dès lors qu’on ne sait pas au service de qui elle est proposée: à celui des États ? aux Gafam ou autres entreprises qui veulent en tirer des profits financiers? aux apprenants? C’est à nous, non aux ordinateurs, de répondre à cette question. Autre réflexion soulevée par le machine learning : à partir du moment où les machines se mettent à apprendre, que devons-nous apprendre nous-mêmes ?

« L’un de nos axes de travail est de parvenir à conjuguer l’intelligence collective et l’intelligence artificielle »

Il faut enseigner le fonctionnement de ces technologies, les théories sur lesquelles elles reposent, pour en faire ce vecteur d’optimisation qu’elles peuvent être. L’un de nos axes de travail, par exemple, est de parvenir à conjuguer l’intelligence collective et l’IA. L’idée est de créer des sortes de GPS de la connaissance et des projets, qui permettront à tous d’y participer. Comme pour toute technologie, personne ne doit décider à notre place ce que nous visons et ce que nous refusons.

François Taddei a participé au livre blanc Se former aux métiers de demain, publié par Arts et Métiers et NEOMA Business School.