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Le Monde de NEOMA

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D’un côté, une composante socialiste forte, de l’autre une posture résolument internationale : c’est dans l’antinomie de ces deux modèles, incapables de se comprendre et de cohabiter, que résident les causes de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis. Huaiyuan Han, professeur en Management international et Géopolitique à NEOMA Business School, nous offre son éclairage de spécialiste de l’économie chinoise.

huaiyuan han NEOMAEn décembre 2018, la Chine célébrait le 40e anniversaire de la réforme et de l’ouverture du pays. Quelle est la genèse de cette transformation de l’économie chinoise ?
L’objectif de la réforme et de l’ouverture était de relancer l’économie nationale par l’introduction à la fois de mécanismes d’économie de marché et de facteurs économiques externes (investissement étranger et concurrence, division internationale du travail, conformité aux règles commerciales internationales, etc.).
En 1978, le pays a ouvert quatre zones économiques spéciales (ZES) pour instiller de l’économie de marché dans l’économie planifiée alors en vigueur.
En 1992, le choix de Deng Xiaoping de ne pas retourner à l’économie planifiée mais de poursuivre le développement de l’économie de marché a marqué un moment crucial dans l’histoire de la réforme en Chine.
Puis en 1993, « l’économie de marché sociale » a été introduite dans la Constitution.
Le 14 mars 1993, 23 entrepreneurs privés devenaient membres de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), un signal important indiquant que la Chine se rapprochait toujours plus d’une économie de marché.
Enfin, en novembre 2001, après 15 ans de travail acharné, le pays rejoignait officiellement l’Organisation mondiale du commerce. La Chine acceptait alors de sa propre initiative les contraintes des règles commerciales internationales.

Dès lors, cette nouvelle structure économique n’aurait-elle pas dû faciliter les échanges internationaux ?
Dans le conflit sino-américain, les États-Unis souhaitent contraindre le gouvernement chinois à se conformer aux règles internationales de l’économie de marché (interdiction du transfert obligatoire de technologie comme condition d’accès à un marché, renforcement de la protection de la propriété intellectuelle, réduction des subventions aux entreprises publiques, etc.).
Or, il est important de comprendre que la constitution chinoise n’a pas établi une économie de marché au sens occidental traditionnel, mais bien une économie de marché socialiste.
Dans « économie de marché socialiste », « socialisme » fait clairement référence au leadership absolu du Parti communiste chinois dans l’économie, à l’intervention active du gouvernement dans l’économie, à la formulation et la mise en œuvre des politiques industrielles et au statut dominant des entreprises étatiques.

La situation semble donc inextricable…
Avec d’un côté la Chine et la composante socialiste de son économie de marché, et de l’autre les grandes puissance économiques occidentales appliquant les standards de l’économie de marché internationale, le conflit se poursuivra tant que ces deux systèmes économiques et les discours des puissances seront incompatibles.

>Pour aller plus loin : Opinion | Guerre commerciale Chine/US : des modèles incompatibles – Les Echos